Portrait

Re-Bon, un pain pas perdu pour tout le monde

Émeric Bossis a changé de vie pour créer un réseau qui récupère, transforme et vend sous une autre forme le pain gaspillé, le tout en région Bourgogne-Franche-Comté.

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À l’ombre des p(a)ins, sur le site du VYV Festival où il était présent avec son équipe pour présenter Re-bon, on a rencontré un vrai passionné lancé à 100 à l’heure dans la grande aventure de l’anti-gaspi.

« Le gaspillage c’est incroyable ! 5 kg par repas je jetais… 5 kg ! ». Émeric Bossis est toujours sous le choc quand il revit avec nous sa prise de conscience du gaspillage alimentaire. Au début de la période COVID, Émeric travaille comme personnel soignant. « On tournait un peu car il y avait besoin de monde partout. On donnait un coup de main là où il fallait. C’est comme ça que je me suis retrouvé à distribuer des repas dans un Ehpad…le choc. On jetait des kilos et des kilos de nourriture tous les jours… Je me suis dit « on va faire quelque chose », et je ne me suis pas arrêté depuis ». Ce « quelque chose », c’est Re-bon. La start-up anti-gaspi montée par ce grand gaillard de 30 ans dans le Jura il y a un an, en juin 2021. « Le pire dans le gaspillage, c’est le pain. Je me suis dit que j’allais me concentrer là-dessus, alors j’ai commencé par faire le tour de boulangeries ». Émeric se rend compte que chaque boulangerie jette en moyenne une bonne dizaine de baguettes par jour. Quand on sait qu’une baguette perdue, c’est 250 litres d’eau gaspillés, 1 m2 de culture perdue, l’équivalent d’un kilomètre en voiture de pollution consommé pour rien… Émeric passe à l’action. 

Ce pain, on peut encore en faire quelque chose

Une baguette perdue, c’est deux cent cinquante litres d’eau gaspillés

Thomas Lamy

Qu’est-ce qu’on mange ?

Des produits à base de pains récupérés. Re-bon en fait aujourd’hui des biscottes, toute une gamme de crackers apéro, ou encore de la farine (car oui, on peut faire du pain avec de la farine de pain… Rien ne se jette, le cercle devient incroyablement vertueux en broyant et en torréfiant). Les produits Re-bon sont écoresponsables et anti-gaspi. « C’est du goût et de l’engagement » nous glisse fièrement Émeric, qui s’est constitué un réseau de revente dans les épiceries de Bourgogne-Franche-Comté. Et ça marche. « On est en sous-production. Pour le moment on bosse avec 6 boulangeries, mais dans l’idéal il nous en faudrait une trentaine avec la demande qu’on a… ».

Les  bons crackers de Re-Bon

Thomas Lamy

Une réussite

« Je n’en vis pas encore mais ça ne va pas tarder. J’ai démissionné de mon ancien job en décembre pour ne me concentrer que sur cette activité ». Commencée en squattant une boulangerie de Champagnole à l’entrée du Haut Jura, l’aventure Re-bon passe à la vitesse supérieure.

Des locaux spacieux à Dijon et un partenariat avec ID’EES 21, entreprise d’insertion bien connue, qui pourra fournir la main-d’œuvre nécessaire pour la transformation. Un partenariat qui fait sens dans la démarche d’Émeric depuis le début, et qui permet à Re-bon de se développer en respectant ses valeurs sociales et environnementales : Antigaspi, circuits courts, insertion professionnelle. Tout y est.

« On ne sauve pas le monde mais je fais ma part comme disait Pierre Rabhi », nous livre Emeric avant de se quitter, et nous laisse même sur une petite confidence : « En fait, le meilleur futur pour Re-bon ce serait de couler la boîte… Bah oui, ça voudrait dire qu’il n’y a plus de gaspillage alimentaire ».

Texte : Antoine Gauthier // Photos : Thomas Lamy, photo de couverture : Edouard Roussel

Au premier plan, le tas de baguettes moyen jeté par jour par boulangerie en France

Thomas Lamy

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