Interview

3 questions à… Stéphanie Paul, responsable accueil artistes à VYV Festival

Chaque mois, le blog vous propose de découvrir les métiers de celles et ceux qui fabriquent VYV Festival.

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Rencontrer Thom Yorke, Liam Gallagher, The Rolling Stones…Stéphanie Paul l’a déjà fait. Normal, elle est responsable de l'accueil artistes dans les plus grands festivals de France. On lui a demandé en quoi consistait ce boulot hors du commun, en trois questions.

1 –En quoi consiste le travail de régisseur artistique et en quoi diffère-t-il du travail d’accueil artiste ?

Stéphanie Paul : Je suis régisseuse spécialisée dans l’accueil artiste. À la différence de quelqu’un qui fait l’accueil artiste, je prépare cet accueil. Les personnes qui font l’accueil artiste, ils arrivent, ils disent bonjour et ils s’occupent des gens toute la journée. Moi je fais tout le travail en amont de cet accueil là, ce qui consiste à éplucher les riders (c’est-à-dire les exigences des groupes NDLR), recenser tous leurs besoins, toutes leurs demandes et faire en sorte que cet accueil soit préparé au mieux et que ça se passe bien.

« Ça me tient à cœur de remettre un peu de bon sens et de retenue dans ce qu’on peut proposer aux groupes »

Edouard Roussel

Moi je gère les loges comme je gère mes placards à la maison. On ne jette rien, tout doit être consommé.

Tu bosses sur plein d’autres festivals : Chorus, Le Printemps de Bourges, etc. Est-ce qu’il y a une façon de faire différente pour chaque festival, en quoi ça diffère pour le VYV Festival ?

Stéphanie Paul : Il n’y a pas de façon de faire différente parce que les gens viennent me chercher pour ma façon de faire. Évidemment il y a des grandes lignes qui peuvent changer d’un festival à un autre mais globalement je suis connue pour ne pas ouvrir les vannes et ne pas répondre à toutes les demandes aveuglément. Ça me tient à cœur de remettre un peu de bon sens et de retenue dans ce qu’on peut proposer aux groupes parce qu’ils ont parfois des demandes qui sont assez conséquentes. C’est un coût pour un festival en plus du coût du cachet qu’on leur donne pour qu’ils viennent jouer. Le gaspillage alimentaire c’est quelque chose auquel je fais excessivement attention par exemple. La ligne directrice de VYV ce n’est pas que de mettre trois scènes dans un espace vert et de faire des concerts c’est aussi de mettre en lumière des belles initiatives solidaires qui existent sur ce territoire. J’ai profité des acteurs qui vont participer sur le site à d’autres niveaux, par exemple il y a Re-Bon qui récupère tous les invendus de boulangerie et qu’il retransforme en farine, ils sont présents sur le festival et je leur ai commandé de quoi faire des tartines en loge. Le vin qui est servi est fourni par un caviste du coin aussi. Je fonctionne en bar en vrac pour tout ce qui est grignotage et j’ai travaillé avec Au Gramme Près sur Dijon, une épicerie en vrac de l’agglomération. Là je vais aller me faire une petite mission pour aller acheter que de la vaisselle en dur. Et puis cette année je ne mets plus aucun frigo dans les loges, il y a un village avec environ 23 tentes individuelles, et selon les groupes ils auront un ou plusieurs frigos rassemblés sur un point d’accueil central. Moi je gère les loges comme je gère mes placards à la maison. On ne jette rien, tout doit être consommé. Et je trouve que ça n’empêche pas de faire un bon accueil !

Si je résume, ton travail c’est d’avoir la tête sur les épaules dans un monde où parfois les demandes sont un peu irréelles ?

Stéphanie Paul : Et ce n’est pas toujours facile ! Je ne suis peut-être pas la rigolote du groupe sachant qu’en plus je n’ai jamais bu d’alcool de ma vie ! Je suis un ovni dans ce monde mais j’ai à cœur d’être la même dans la vie et au travail, je ne vois pas pourquoi je devrais changer de comportement. J’ai réussi à prendre plus de recul et à moins mal vivre le fait de répondre à certaines demandes par la négative parce que c’est un gros groupe. Notre but c’est de bien les accueillir, on est très content qu’ils viennent, on est ravi qu’ils soient là, maintenant ce n’est plus les années quatre-vingt où toutes les vannes étaient ouvertes et les dépenses jaillissaient de toutes parts. Aujourd’hui il y a de réelles problématiques économiques pour tout le monde et des considérations écologiques.

Propos recueillis par : Julien Rouche
Photos : Edouard Roussel

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