Portrait
A2ROO, l’éthique dans le porte-bagages
Des livraisons à Dijon en transport doux et avec des salariés protégés, c'est possible !
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L'association dijonnaise entend bien concurrencer Uber et autres Deliveroo avec ses livreurs salariés.
Des livreurs salariés et bien traités dans une coopérative, c’est le but d’A2ROO, association dijonnaise née en octobre 2020, en pleine pandémie. Rien de moins. On s’est habitué aux modèles de livraison de grandes plateformes avec livreurs indépendants et sans aucun droit. A2ROO débarque dans le game à Dijon pour montrer à tout le monde que ça peut se passer autrement, à l’instar d’un nombre grandissant d’autres initiatives dans des villes en France.
L’équipe d’A2ROO, place de la Libération à Dijon.
Mathilde Leconte
Xavier Caron rencontre Bruno Giraud par hasard il y a un an. Tous deux passionnés de vélo, Xavier est un informaticien qui a « besoin de prendre l’air » à l’époque, et Bruno est livreur pour tout ce que le marché compte de plateformes de livraison. Xavier a une petite idée derrière la tête : monter une structure avec des livreurs salariés. Ça semble une hérésie à l’heure du roi Uber Eats. Il en parle à Bruno qui commence sérieusement à se poser des questions sur son statut de livreur. « On ne sait jamais où on va avec ces boites-là. On peut se faire virer du jour au lendemain comme il n’y a pas de contrat ». Bruno rejoint Xavier et ils montent ensemble l’association A2ROO.
A2ROO a signé un partenariat avec Burgundy Bike, un magasin de Brochon, pour son vélo cargo.
Mathilde Leconte
« Transporter tout ce qui se transporte »
6 mois seulement après, déjà 3 salariés, bientôt 5, une belle visibilité sur la métropole dijonnaise et des beaux jours devant eux. « On a déjà des contrats avec une dizaine de restaurants. On livre aussi pour des traiteurs, une épicerie, et même du bœuf pour une ferme du Châtillonnais qui avait besoin de livraisons sur Dijon », annonce fièrement Xavier, actuel président de la structure, et qui lui attend encore que le chiffre d’affaires monte pour se salarier. « Ça ne devrait pas tarder ».
Mais l’équipe ne compte pas se limiter à la livraison de repas ou de nourriture. « On peut transporter tout ce qui se transporte. On a plusieurs modes de transport pour s’adapter à la demande, du simple sac à dos au gros vélo cargo », précise Xavier. A2ROO est d’ailleurs en partenariat avec Burgundy Bike, un magasin de Brochon, qui leur loue le vélo cargo.
«On compte devenir une SCOP dès que possible. Une coopérative à la gestion démocratique. C’est important pour nous », assure Xavier, co-fondateur.
Mathilde Leconte
De l’asso à la SCOP
Benjamin est le dernier arrivé dans peloton A2ROO. Lui aussi fait partie de la communauté vélo, ceux qui ont choisi depuis longtemps ce mode de transport doux en ville. « Je gravitais de petits boulots en petits boulots. J’avais pensé à faire livreur mais pas question de me mettre en indépendant. Pas de contrat, pas de protection sociale… J’ai appris l’existence d’A2ROO, on a bu un café, Xavier m’a dit ‘dès que je peux je te prends’, et un mois après je faisais partie de l’aventure ». Un travail d’équipe, un transport alternatif et de l’éthique dans le porte-bagages. « Les restaurants qui travaillent avec nous le font parce qu’il aime le principe de notre structure. En plus, ça ne coûte pas plus cher aux clients ou aux restaurateurs, on ne se paie pas plus sur la livraison que les grosses plateformes, et on est adaptable », précise Xavier. « On compte devenir une SCOP dès que possible. Une coopérative à la gestion démocratique. Une personne = une voix. C’est important pour nous ».
En attendant, ils peuvent aussi profiter du réseau CoopCycle, une fédération qui regroupe les structures de livreurs alternatifs en France. Ensemble, ils peuvent peser face aux grosses plateformes. La fédération vient, par exemple, de signer un contrat national avec les magasins Biocoop. C’est donc les livreurs d’A2ROO qui s’en chargeront à Dijon. Alors si vous vient l’idée de rester chez vous pour vous faire livrer sur Dijon, quelle qu’en soit la raison, maintenant vous savez comment faire votre choix choix.
Texte : Antoine Gauthier
Photos : Mathilde Leconte
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