Portrait
Abdellah Boudour, créateur de la Dictée pour tous
Mais jusqu'où ira cette incroyable aventure démarrée à Argenteuil ?
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Vous pensiez, vous, qu’une dictée pouvait réunir tout le monde ? Abdellah Boudour non plus. Pourtant, depuis 2013, il fait fleurir des dictées un peu partout, d'Argenteuil, à l’Elysée, en passant par le château de Versailles ou les Grésilles à Dijon.
Tout a commencé par des distributions de fournitures scolaires. C’est déjà bien, de distribuer des fournitures. On refile de beaux stylos à des enfants qui vont les utiliser pour écrire des romans ou en faire des catapultes. On croise des parents. Justement, les parents qu’Abdellah Boudour rencontre à Argenteuil ont des choses à dire. « Ils voulaient qu’on aille plus loin. Il y avait un vrai besoin, une demande. Ils cernaient des problèmes sur la pédagogie, l’orthographe. Alors j’ai eu cette idée », assure Abdellah.
Abdellah Boudour a lancé la Dictée pour tous à Argenteuil.
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Abdellah a le contact facile, il parle avec tout le monde : une façon d’agrandir la farandole. Depuis ses premières distributions de fournitures scolaires au début de la décennie, il s’inspire des actions de rue venues des États-Unis. Dans sa première vie, Boudour a failli faire de la politique. Un vestige des tournois de foot qu’il organisait avant ses 20 ans, quand il était au conseil des jeunes d’Argenteuil. Finalement, il a bien compris qu’il ne fallait pas laisser récupérer ses idées et son énergie.
Avec la Dictée pour tous, on fait du lien et on s’approprie la langue.
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Une idée qui s’exporte
C’était en août 2013, avant le mois qui est synonyme de rentrée des classes. Abdellah organise une nouvelle distribution de fournitures pour garnir les trousses et les sacs, avant le retour à l’école. Mais cette fois, il y aura une dictée. Il ne se fait pas de grandes illusions sur le nombre de participants qui voudront s’envoyer cette gourmandise de pré-rentrée. Il n’installe que 40 chaises. Finalement, 250 personnes rejoindront la première des 341 dictées organisées à ce jour.
La Dictée des cités est née. Abdellah Boudour exporte alors l’événement un peu partout. Après tout, avec des chaises en plus, des feuilles et éventuellement un Bescherelle, on peut réunir tout le monde. « Les gens dans les quartiers ont vu venir des personnes qu’ils n’avaient jamais croisées avant. » Les populations se mélangent et rencontrent, c’est la fierté d’Abdellah. « Avec la dictée pour tous, on a fait du lien intergénérationnel. Ça discute, on se raconte des histoires et ça permet de faire évoluer les points de vue. »
La Dictée pour tous au château de Versailles, en 2019.
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Oui, le nom a changé. La Dictée des cités est devenue la Dictée pour tous. « Ceux qui venaient d’autre part que la cité pensaient que ça allait être facile, à cause du nom. Et les préjugés, ça m’ennuie. » D’ailleurs, les dictées ont passé périphériques et téléphériques depuis, avec FDM, Force des Mixités, l’association d’Abdellah. Petites villes et banlieues, campagnes et festivals, comme VYV en 2019, en France et dans la francophonie. « Jamais je n’aurai pensé que ça irait aussi loin », glisse le boss.
Désormais, Abdellah voit loin. Comme quand il se rend au Cameroun avec Dadju pour distribuer des fournitures et transformer le chanteur en maître d’école. C’est un espace immense, la francophonie. Un terrain de rêve pour les dictées. Boudour en discute sûrement avec Gims ou le Président de la République au fil des évènements. Et même au Château de Versailles, en 2019 avec Gad Elmaleh. Sky is the limit.
Depuis le début, la presse relaie les évènements de la Dictée pour tous. Stars, marques, institutions et collectivités… La Dictée pour tous compte aujourd’hui plus de 400 partenaires et passera bientôt les 85.000 participants. Jolie troupe de spécialistes de la conjugaison et d’esthètes des adjectifs. Et avec les confinements, la dictée virtuelle a eu la cote.
« La langue, c’est un patrimoine commun ».
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« La langue, finalement, c’est un patrimoine commun. Les dictées, c’est une façon de se l’approprier. » Une bonne façon de revisiter la traditionnelle dictée du lundi matin, pour en faire un espace de retrouvailles et de réconciliations.
Texte : Arthur Guillaumot
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