La Saint Valentin est une fête clivante : démonstration de l’amour pour les uns, fête mercantile et pro capitaliste pour d’autres, les avis divergent. Pour les plus réfractaires : pas besoin d’une date pour célébrer son amour et pas besoin d’acheter des roses en février non plus ! Notre société nous a récemment donné des pistes de réflexion sur la consommation de masse, notamment avec la nourriture. Encore peu touché par ce constat, le secteur horticole évolue tout de même avec en toile de fond une question récurrente : d’où viennent les fleurs que nous achetons ?
En général les fleurs que l’on achète chez un fleuriste ont de fortes chances de venir d’un grossiste, qui s’est lui-même fourni en Hollande, dans ces énormes usines à fleurs. La Hollande c’est le plus gros marché aux fleurs, avec des entreprises comme FloraHolland qui voient passer environ un milliard de fleurs par an. Le problème de ces usines c’est l’élevage en batterie : serres chauffées, cycle de lumière de 24h…En résulte une surexploitation des fleurs. Pire encore, les roses et autres fleurs rares en hiver sont transportées en avion-cargo en provenance d’Afrique ou d’Amérique Latine. C’est de ce constat qu’est né le mouvement slow flower, contrepied de l’exploitation massive et équivalent du slow food. En gros, on privilégie des produits de saison : exit les tomates en été, on évite les avocats d’Amérique du Sud, et on fait attention à l’empreinte carbone.
Avec Calice & Cie, je veux proposer des fleurs françaises de la façon la plus écoresponsable possible
Le fidèle vélo cargo de Camille qui lui sert pour ses livraisons mais aussi comme présentoir sur le marché !
Calice & Cie

Flower Power
C’est ici que Camille rentre en piste avec son concept Calice & Cie ; « Proposer des fleurs françaises de la façon la plus écoresponsable possible ». On la retrouve donc sur le marché le samedi matin à Beaune avec son fidèle vélo cargo qui lui sert pour les livraisons la semaine mais aussi d’étale le weekend. « Le but c’est de sensibiliser le citoyen aux démarches respectueuses de l’environnement et leur redonner le sens des saisons pour les fleurs. On commence à avoir le réflexe pour les fruits et légumes. Comme on les consomme, on est plus regardant sur l’origine et la production ». Effectivement le marché, semble l’endroit le plus approprié pour ça : « Les gens sont déjà assez au fait de ce qu’il se passe dans les usines en Hollande, ils sont sensibles au fait que les fleurs viennent d’ici, en plus l’avantage pour eux c’est que les bouquets durent plus longtemps ». Un argument marketing imparable, quand un bouquet de roses qui a déjà transité par plusieurs pays va périr en quelques jours tandis que les bouquets de Camille ont encore fière allure une semaine après ! : « Avec l’augmentation du prix du carburant la différence de prix entre un bouquet de roses et mes bouquets est quasi nulle ». Une raison de plus d’opter pour le bouquet de saison.

Camille Barnier propose également des ateliers pour sensibiliser à la fleur de saison
Calice & CIe
Fédérer pour mieux régner
Camille n’est pas seule dans sa croisade pour faire adopter les fleurs de saisons, elle a rejoint dès ses débuts le collectif de la fleur française qui permet de mettre en contact les producteurs et les fleuristes responsables : « j’ai trouvé mes fournisseurs avec l’aide de l’annuaire du collectif, notamment à Rouvre-En-Plaine à côté de Dijon et aussi à Chalon-sur-Saône. Le problème que l’on peut rencontrer c’est que la Bourgogne n’est pas une région très pourvue en fermes florales, même si l’activité reprend peu à peu ». Pas évident donc pour Camille de trouver la matière première entre octobre et mars : « J’ai trouvé un grossiste français qui se fournit en fleurs qui voyagent peu. Sinon on travaille sur d’autres choses comme les sapins dans le Morvan, le houx, il y a plein de choses à imaginer ».

Un triptique de Saint Valentin au menu de Calice & Cie
Calice & Cie
Valentine’s Day
À la question de savoir si elle va vendre beaucoup de bouquets pour la Saint Valentin, Camille est bien embêtée pour répondre : « C’est ma première Saint Valentin, et je ne me suis pas encore frottée à un public demandeur de roses ! ». Camille a tout de même prévu l’événement en proposant des abonnements floraux pour la Saint Valentin, afin de faire durer le cadeau dans le temps. Elle propose aussi une soirée-atelier fleurs et vins, la veille de la saint Valentin ; une contre-soirée pour les gens qui ne seraient pas forcément dans l’état d’esprit : « S’ils veulent quand même la fêter le lendemain, ils auront du vin et un bouquet déjà prêt », pratique ! Enfin pour les plus réfractaires à cette fête mercantile, pourquoi ne pas acheter un bouquet de saison, tout simplement pour se faire plaisir : « En ce moment on trouve du mimosa, des renoncules, des anémones et des tulipes ». De quoi éviter la sempiternelle rose rouge.
Texte : Julien Rouche // Photos : Calice & Cie